mardi 11 février 2014

Postface

40 ans, c'est papa en 1989. Tu as alors 15 ans. Quand je te vois, quand je te croise, trop rarement aujourd'hui, tu me danses le gangnam style, tu continues à dégainer des imitations de Jacques Chirac, ou tu pars pour un petit footing matinal en respectant la stratégie énoncée par Arrazo pour le 400 mètres: à fond au début, à fond à la fin, et à fond au milieu. 15 ans, c'est l'âge sur lequel mes lunettes veulent continuer à te regarder. Le plaisir de la vie, l'envie inexorable de découvrir et de partager, ta générosité naturelle, ton sens du bonheur, oui mes lunettes ont raison. Je suis heureux d'être ton frère.

vendredi 24 juillet 2009

Stealer!

Juillet 2009, à Sedona




Eté 2009, c'est le voyage génial aux USA. Tu as tout organisé, au millimètre. Roadbook en main dès le départ, tout est tracé, et la famille sensée fêter la retraite des parents est emportée sur les traces de son pionnier, qui nous invite à re-parcourir les chemins aventureux de son adolescence. Evidemment quelques imprévus aussi inattendus qu'amusants ont bousculé le Travel Book: le fameux "stealers" aux guichets des aéroports, une ville de Dublin improbable, des achats de carte téléphone qui traînent un peu en longueur, le DVD del Monte à l'accent congolais, le confort suranné du F-GITF de mars 1992 pour le retour.

jeudi 23 juillet 2009

40- Le quai des pêcheurs

Mes parents sont à la retraite tous les deux. Vincent me propose plusieurs cadeaux au choix: un voyage en Scandinavie, un voyage en Indonésie, ou un voyage aux Etats-Unis. L'idée est de partir en mode famille élargie. A 10 au moins. Je préfère opter pour une peinture, mais ma feinte ne tient pas face à sa détermination. Cette fois, il va falloir faire chauffer les passeports. Il prend tout en charge. La présentation de la révélation, les étapes du voyage, les billets d'avion, les locations d'appartement, l'agenda quotidien, même les courses en ligne pour le jour de l'arrivée. Il a évidemment choisi son pays favori. On part 3 semaines en juillet 2009 pour New York puis San Francisco, avec une semaine intercalée en Recreational Vehicle. Ce fut un voyage génial, pour tout le monde, avec mille anecdotes différentes. Je reste marqué par sa capacité d'organisation, hérité du temps du bal du lycée. Le chef de meute est en alerte. La veille, tout est en place dans une pochette de voyage, avec une fiche par jour, tous les numéros, les contacts, les plans de back-up, ... L'excitation à Roissy est déjà palpable, les enfants sont de véritables piles, mais leurs aînés, moi le premier, sont encore plus fébriles, c'est amusant. Vincent portera tout de bout en bout, sans relâche, apportant en plus sa bonne humeur et son sens de l'animation. Les appartements qu'il a loués, notamment celui de San Francisco, me rappelle l'épisode de la Maison des Chevaliers. Tout est d'un luxe délicieux. Légèrement débordant, mais si délicieux. Vincent et Christelle nous font découvrir une partie de leur monde, celui des étés 1994 et 1995, mais aussi celui qui porte leurs rêves futurs. L'énergie déborde. Les enfants inventent le da-da-da, le comptoir d'US Airways tremble devant les lourdes chaussures de papa, la langue de Molière connaît des approximations chez El Monte, les restaurants de Sedona sont multiples, l'hélicoptère survole le grand canyon, 80 dollars sont immédiatement gagnés au Mandalay Bay, les Perez perdent leur emplacement à Monterey, Dublin n'est pas que la capitale de l'Irlande, Lafayette est un général matinal, et la Napa Valley nous offre un dernier verre, avant le retour.

samedi 8 juillet 2006

Un trader à vélo

Juillet 2005, à Château-Thierry




Voisin n'en revient pas. Le trublion sportif et phraseur est un trader à l'énergie indomptable. La finance va se remettre à tourner rond, c'est sûr. Mais l'avenir du monde ne soutient pas l'envie de relancer l'aventure, de boucler le tour de France. L'envie surtout de se défier un cran plus loin, de réussir à traverser le passage piéton sans rouvrir les yeux.

vendredi 7 juillet 2006

39- Du mollet et du beaufort

Les rendez-vous sportifs s'enchaînent. Cette fois, c'est avec papa qu'il s'est mis à organiser le Tour de France en vélo de tourisme. 700 à 800 kms à parcourir en vélo en 1 semaine. La première année, cela les a entraînés de Revel à Novalaise. L'année suivante, le départ était donc à Novalaise. Je rejoins la folle équipe pour la 4eme étape en cet été 2006. Il s'agit cette fois de partir de la Bretagne, et de revenir à Revel. Vincent a un don pour l'organisation. Il a tout prévu. Tous les gîtes de toutes les étapes sont réservés. Les parcours définis par papa sont imprimés et rangés soigneusement dans une pochette dédiée. Je n'ai qu'à me laisser porter par la troupe. Nous sommes 5 cette année-là. L'ambiance est des plus sympas sur les petites routes de France. Le rythme est tranquille. Le plaisir, c'est l'arrivée dans les tables d'hôtes le soir. On prend plaisir à mener grand train. Un matin, on a dormi dans un petit château à côté d'Agen. Les propriétaires de gîtes ont toujours plaisir ou fierté à expliquer leur production locale de confiture. Au petit déjeuner ce jour-là arrive une énorme part de Beaufort. On doit repartir dans les 10 minutes. Le défi est remporté. On est content de nous, et on repart sur nos bolides à pédales en chantant à tue-tête. Le soir, on arrive dans le Tarn-et-Garonne, et on loge dans la Maison des Chevaliers, belle bâtisse 4  étoiles. Les choix de gîtes très select de la part de Vincent pour cette sortie vélo me font sourire. Je profite de l'instant et du décalage. Le temps est suspendu.

dimanche 22 février 2004

Mister the president

Juillet 1995, à Washington DC




Bill Clinton prête sa salle de presse à un ambitieux jeune Frenchie impatient de franchir toutes les barrières de l'impossible. La Limousine, le centre du monde, les frigos géants, la démesure au Camden Yards, l'Amérique offre alors toutes les promesses.

samedi 21 février 2004

38- James Brady

Ce soir Vincent a 30 ans. C'est mercredi. Je bosse depuis 1 an, et ce mercredi là ne fait pas exception. Mes parents sont avec lui, dans le tout nouvel appartement de la rue Saint Denis. Il y a deux ans, c'était un vrai chantier. Impossible d'imaginer le loft que c'est devenu aujourd'hui. C'est un nid des plus agréables, du parquet au sol, de l'inox dans la cuisine ouverte, de belles lumières, le tableau du mariage au mur, la cuisine recherchée de Vincent, et toujours une belle bouteille qui est ouverte. C'est un vrai plaisir de passer une soirée chez lui. Ce soir, c'est les 30 ans. Toute la famille resserrée est là. 30 ans. J'en suis surpris tout l'après-midi. Hier, je me suis décidé à lui acheter un iPod. iPod version 1.0. C'est mon secret, je ne l'ai dit à personne. C'est un tout nouveau joujou, il est sorti à Noël, c'est hors de prix, ça vient des Etats-unis. Juste le cadeau qu'il lui faut, qui lui ressemble. J'arrive très en retard. Je bosse tard, je viens de l'autre côté de la banlieue, je suis crevé et ému du moment. J'ai envie de lui dire mille choses, de faire un discours prodigieux, mais je ne trouve aucun mot. Plus rien. Juste un iPod pour tout dire et rien dire. Quelques jours plus tard, il fête de nouveau son anniversaire, avec tous ces amis. Des flots de gens envahissent l'appartement où nous étions juste 6 quelques jours plus tôt. Il fait doux. Les fenêtres sont ouvertes, on est pourtant en février. La soirée se poursuit dans un restaurant branchouille parisien, pas très loin. On s'y rend à pied. Vincent est assis loin de moi, il se marre, il est entouré tant et plus, il est bien dans ce monde que je ne partage plus avec lui. Je me rends compte de tout ce temps qui est passé, et j'en suis triste à sa place. Le dessert arrive, maman dégaine son cadeau. Ca démarre avec une photo géante de lui du haut de ses 16 ans, devant le micro de la Maison Blanche, dans la press briefing room de Washington. C'est le temps de mon enfance, avec l'histoire de Vincent qui vient de monter dans la Limousine, puis qui va raconter ce choc culturel sympathique dans Que le Meilleur Gagne, que l'on regardait ensemble dans ce temps-là. Tous ces gens ne le connaissent pas comme je le connais. Je sombre.