Le point d'orgue de ce théâtre, c'est après les 3
représentations de fin mai, il y a le week-end à Millau. Ca dure un week-end,
mais c'était tellement génial que je l'attends toute l'année ce week-end, et il
me semble durer 4 semaines ce week-end. C'est mon moment dans l'année. Vincent
m'en avait parlé comme du truc le plus génial qui pouvait exister, le lycée
Jean Vigo. J'adorais. J'adorais même les 3 années quand c'était lui qui y
allait. C'était trop génial, il allait tout me raconter. J'adorais. Il ne me
racontait pas grand chose en fait, car il me prenait pour un petit, mais
j'adorais, j'adorais.
En 1991, Vincent endosse le costume d'Evaristo dans
l'évantail de Goldoni. C'est sa deuxième pièce au théâtre du lycée, après un
Shakespeare. Goldoni, Shakespeare, ça devient mes références absolues. Ils ont
du écrire autant de pièces l'un que l'autre, c'est à dire des centaines, vu
qu'ils y ont consacré leur vie. Mais pour moi, il n'y a que 3 pièces qui
comptent. Quinze ans plus tard, Vincent achète son appartement à Paris avec
Christelle. Vincent me montre les rues alentour. A 50m de l'appartement, il y a
la place Goldoni. Je souris. Il sourit. On continue vers le restaurant rue
Greneta. Je pense alors à ce qu'a écrit un confrère italien de Goldoni:
"Il me semble que c'était hier que j'étais arrivé".