jeudi 3 mai 1984

Les footballeurs du club des 5 voisins


Décembre 1982, à Mazamet



Ces années 1980 sont cadencées par la folie football. L'appartement des Hortala est le lieu incontournable des soirs de matchs des Girondins de Bordeaux, avec Giresse. En effet, ils ont la télé couleur, les Hortala. J'adorais ces veillés interdites (car le lendemain il y avait école), par exemple ce soir du jeudi 25 avril 1985 où la passion de nos papas nous avait autorisés à un coucher tardif, à la fin du match et du debriefing du match (tout aussi long que le match lui-même)!

mercredi 2 mai 1984

3- La balle en mousse

Mais en vérité, avec Vincent, je me sens toujours en sécurité. Je n'ai qu'à le suivre. On est en hiver 1983. On habite encore Mazamet, à l'école du Gravas. Il est 14h, un samedi. Vincent décide qu'il est temps d'aller jouer avec nos voisins du rez-de-chaussée. Je suis d'accord. Je le laisse régler les détails administratifs. Négocier ce départ de jeu avec notre maman. Les négociations aboutissent. Evidemment j'acquiesce les dernières recommandations. Elle s'adresse à lui d'ailleurs, tu veilleras sur ton petit frère. Allez nous voila parti pour de nouvelles aventures avec Stephan et Marylise, nos voisins du rez-de-chaussée. Plusieurs jeux. Le temps passe. Il est 16h. Vincent décide qu'il est l'heure de regarder les dessins animés de Recré A2. J'aimerai bien les voir encore chez les voisins, car eux ont la télé en couleurs. Heureusement je sais qu'il a la même intention. Il part en première ligne demander à Stephan si on peut rester regarder les dessins animés chez eux. Je fais juste oui de la tête pour dire moi aussi. On a le goûter inclus avec la séance Récré A2. C'est Tom Sawyer. Apparemment il a peur de l'épisode. Je suis donc terrorisé par Joe l'Indien. Ouf c'est fini, j'ai rien compris, mais l'enchaînement est prévu, séance de foot indoor. Car aujourd'hui il pleut. C'est février, il fait déjà nuit dehors. On investit le large couloir à l'entrée de l'immeuble. La porte d'entrée, c'est les buts de Stephan et Marylise, la porte qui donne sur la cour de récréation, c'est nos buts avec Vincent. Oui les 2 grands ont géré la constitution des équipes. Apparemment Vincent a perdu, il n'est pas très ravi d'être avec moi le plus petit, moi je suis enchanté. Il m'explique ce qu'on a décidé. Lui il est avant-centre, et moi je m'occupe de la défense. D'ailleurs le gardien dans la règle d'aujourd'hui n'a pas trop le droit de sortir de l'en-but, alors il faut que je lui fasse la passe au plus vite. Moi je trouve ça normal. Lui il est devant moi, il essuie les attaques. C'est parti. Le problème c'est qu'on ne retrouve plus notre balle en mousse. Les grands trouvent la solution, on joue avec une balle de tennis. J'angoisse, je sais que les parents nous l'ont déjà strictement interdit. On me demande de gérer mes remarques en silence. Mais une mesure de gestion de risques est prise, on joue en chaussettes. Cela évitera de donner trop de vitesse à la balle de tennis. J'aime pas trop cette décision, je sais que les grands en profitent pour écrabouiller les pieds. Bref, le jeu commence. En dix minutes, tout le monde est en sueur. Le score est serré. En haut, chez nous, ma mère commence à appeler pour aller à table. La pression monte. L'engagement est de plus en plus rugueux. Mes passes vers Vincent sont plus que systématiques. Attention grand combat à l'avant entre les grands. Ca tacle, ça glisse, ça crie, contre-réaction immédiate des 2 cuisines, les 2 mamans lancent des Chut tonitruants, qui se voient répondre par un grand éclat de verre. La balle de tennis vient de fracasser la grande vitre de la porte d'entrée. On reprend l'avantage avec Vincent par 4 à 3. Mais on ne prend pas le temps de se réjouir. Vite la balle fautive est planquée. On fonce tous dans la chambre de Stephan et on démarre diverses activités de lecture l'air de rien. Les adultes arrivent. Exclamations, stupeur, énervement, lamentations, tout s'accélère. Je me cache derrière Vincent, il répond à toutes les questions. Le sujet se tasse. Ca y est, on peut regagner notre appartement à l'étage. Pas de punition. En remontant, je lui demande si c'est bien nous deux qui ont gagné avec nos 4 buts ou si le dernier but est refusé. On a évidemment gagné. Il me félicite pour mon match.