Des premiers temps de Revel, je retiens l'héroïsme de
Vincent bravant les forces installées localement. Passé le temps de la gloire
et de la place au combien mérité comme goal dans l'équipe du vénérable Avérous,
tout devait être refait. Nouvelle ville, nouveau club, et la place de titulaire
gardien de but de l'équipe des pupilles de Revel était une citadelle à prendre.
Et dans la citadelle, il y avait Pierre. Un petit blanc, pas comme à Mazamet, grande
gueule, petit gabarit, un peu voyou, bagarreur, cancre à l'école, et surtout
summum de la rebelle attitude qui pouvait se faire en 1985, il portait une
boucle d'oreille! Un voyou. Septembre passe. Vincent gagne les premières
batailles, et est sélectionné le samedi comme titulaire en match officiel.
Preuve sur le morceau de papier affiché dès le jeudi sur la devanture du café
Glacier sur le tour de ville de Revel. A la vue de tous, c'est l'ego de
Pierre-le-Rebelle qui est ébranlé. Rapidement une bataille s'organise. Vincent
est interpellé devant le stade par Pierre et sa bande. Bousculade, crachats.
Paf, Vincent décoche un coup de poing, et saute sur son vélo pour rentrer
illico à la maison. Le territoire est marqué. Vincent rapporte à sa maman ses
aventures. Le soir même, au cours du dîner, mon père transforme cet épisode en
moment de gloire familial. Lui-même très attaché aux marques ostensibles de
virilité, et n'ayant jamais hésité dans les histoires d'enfance racontées à
défendre l'honneur par les poings, la valeur de ce coup sera rappelée
régulièrement. Fiers, lors de dîners à la maison, cet épisode ne manquera
jamais d'être raconté à nos hôtes, et cela dura jusqu'à l'obtention par mon
frère de son baccalauréat.
Bien plus tard, le dit Escaffre, maçon de son métier, se
fera un plaisir de snober la réalisation de la cheminée familiale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire