samedi 15 juillet 1989

12- L'escalier magique

Le mois de juillet, c'est le Tour de France. Nous ne partirons jamais en vacances ce mois-là. Et chaque année, ces tours de France sont délicieux. Nous les passons à mi-chemin entre notre maison, et la maison des arrière-grands-parents, qui est à 300 mètres. Là-bas, c'est la maison familiale où déboulent les cousins. Les après-midi, il fait invariablement très chaud. Les grands font la sieste et ouvrent les bières. Nous, nous avons droit au panaché. On va, on vient, c'est la grande liberté, personne ne nous surveille, et le panaché est illimité. Génial. Le soir, c'est grand apéritif et grillade. Les tablées sont différentes chaque soir, mais il y a toujours beaucoup de monde. Ca dure jusqu'à très tard. Il fait encore très doux. Seules les mamies s'équipent d'un invariable tricot passé minuit. Les hommes restent stoïques, boules de pétanque dans une main, bière dans l'autre.
Vincent est au centre de toutes les soirées. Il anime, il plaisante, il imite, il raconte et reraconte les petites anecdotes du jour. Il est dans son élément, jovial, drôle, incisif, parfait. Les imitations s'enchaînent. Les même sketches interminables se répètent à l'infini. Les rires éclatent toujours. Le sketch phare de ces mois de juillet, c'est la fausse descente d'escalier. Ensuite, ce sont les imitations qui emportent le plus franc succès. Je le regarde. Il m'hypnotise. Je m'interroge comment avec si peu de contenu à dire, le show peut durer aussi longtemps. Et encore durer, et recommencer. Je trouve ça génial. Il est génial mon frère.

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