Le théâtre, c'est le foot de notre adolescence. Une histoire
de filiation. Mon père a joué longtemps au foot. Même à Revel, en 1989... à 40
ans. Le retour de la gloire, le poste d'arrière droit, comme à Auriac. Les
mêmes techniques, le jeu un peu rugueux, viril, mais correct. L'épaule c'est
permis. Mais le genou flanche. Les rendez-vous chez Gantet, le fringuant avant-centre
kinésithérapeute, se multiplient. 40 ans, c'est dur !
Le théâtre, c'est le lien maternel. Ma mère qui adore le
théâtre, qui a joué, qui ne jure que par le théâtre. Vincent a été convaincu.
Je suivrai évidemment dans ses pas. Mais sans jamais se croiser. Par pudeur. Je
dois attendre qu'il finisse le lycée pour commencer ma 1ere année de théâtre.
Et les frères Rivière qui ont eu le droit de se croiser sur scène. Injuste. Le
fossé est là. C'est chacun son tour chez nous.
Je suis remonté à bloc. Le premier spectacle de théâtre du
lycée, c'est au vieux cinéma de Revel. Il ferme cette année là ce pauvre
cinéma. Il est un peu miteux, c'est une salle d'après guerre! Vincent est en
seconde. C'est l'année du Songe d'une Nuit d'Eté. Il joue l'âne, Bottom. Puck est joué par le grand frère Rivière,
et Titania par la plantureuse allemande. Cette année là, la pièce de
Shakespeare est à l'affiche du théâtre de Chaillot, face à la tour Eiffel.
Vincent veut voir la version de Jérôme Savary, pour souffrir la comparaison de
Paris. Génial Paris. Si loin, et si compliqué pour y aller. Et surtout si cher.
Vincent la débrouille, Vincent le généreux, le voilà convaincu qu'il faut que
toute la troupe face ce voyage. C'est sûr. Le bal du lycée s'organise. C'est
compliqué, il est à la manœuvre. Il faut coller des centaines de papier
jaunâtre vantant l'événement. C'est un succès. Les fonds sont réunis. Le projet
est possible. En route. Génial.
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